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25/03/2011

Adveniat regnum tuum, que votre règne arrive !

abp_marcel_lefebvre.jpgLe 25 mars 1991, en la fête de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, Mgr Marcel Lefebvre rendait son âme à Dieu. Nous publions ici la transcription du sermon qu’il donna pour la fête du Christ-Roi, le 30 octobre 1988, à Ecône (Suisse), c’est la profession de foi d’un missionnaire dont toute la vie fut consacrée à l’extension du règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans les âmes, les familles et la société.

Mes bien chers amis,

Mes bien chers frères,

Je pense qu’il est inutile d’insister auprès de vous pour vous montrer que cette fête du Christ-Roi est au cœur même du combat que nous menons. Si nous avons pris la décision de mener ce combat et de résister à toutes les pressions qui sont faites à l’intérieur même de l’Eglise, pour nous détourner de ce règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est qu’il nous a semblé indispensable pour défendre notre foi de mettre en pratique le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. N’est-ce pas là l’objet même de notre foi : faire régner Notre-Seigneur Jésus-Christ sur nous, sur nos familles, sur nos cités ? Oportet illum regnare, dit saint Paul : « Il faut qu’il règne ». Oui, il faut que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne !

Pourquoi une fête particulière du Christ-Roi ?

Et pourquoi le pape Pie XI a-t-il jugé bon d’ajouter au calendrier liturgique, une fête particulière pour le Christ-Roi ? Etait-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ n’était pas suffisamment signifiée dans toutes les fêtes de l’année liturgique ? En effet, si on lit les textes liturgiques de la fête de la Nativité, de la fête de l’Epiphanie, des grandes cérémonies de la Semaine sainte, à plus forte raison de la fête de Pâques et de la fête de l’Ascension, la royauté de Notre Seigneur est constamment affirmée. Ces fêtes ne font que manifester le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ et son royaume. Alors pourquoi ajouter cette fête du Christ-Roi ?

Eh bien ! Parce que les hommes ont voulu détruire le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Après que, pendant de nombreux siècles, les chefs d’Etat ont reconnu la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des disciples de Satan – celui qui poursuit de sa haine Notre-Seigneur Jésus-Christ – ont résolu d’en finir avec la chrétienté, avec l’ordre chrétien, avec le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la société. Et ils ont fomenté des troubles, jusqu’au moment où ils ont pu détruire, en effet, le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur les sociétés.

Ils espéraient bien par là ruiner l’œuvre de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que dit le pape Léon XIII dans son encyclique Humanum Genus, à propos des francs-maçons. Il dit : « leur but est de détruire toutes les institutions chrétiennes ». Oui, toutes les institutions chrétiennes. Voilà leur but ! Et ils ne pouvaient pas y arriver, tant que la société était chrétienne, tant que les princes et les gouvernants étaient chrétiens. Il leur a donc fallu détruire ces gouvernements, détruire ceux qui défendaient la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Non seulement ils ont pour dessein de détruire les institutions chrétiennes, mais également ils voulaient ainsi détruire le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans les âmes et créer ce climat d’apostasie générale. Le fait que les institutions ne soient plus chrétiennes, le fait que Notre-Seigneur Jésus-Christ ne règne plus sur les institutions, créent nécessairement un climat d’apostasie, un climat d’athéisme. Et ce climat d’athéisme atteint les familles par l’enseignement, par tous les moyens puissants que l’Etat a à sa disposition pour ruiner la foi dans les familles chrétiennes.

C’est ainsi que l’on a vu l’apostasie petit à petit s’étendre dans la société. Et si les familles deviennent elles-mêmes apostates, si dans les familles ne règnent plus Notre-Seigneur Jésus-Christ, sa loi et sa grâce, alors les vocations aussi disparaissent ! Et c’est bien ce qu’ils espéraient : atteindre l’Eglise, par l’intermédiaire des familles chrétiennes. Atteindre ainsi les séminaires, les noviciats, les congrégations religieuses.

pplefebvre120109.jpgLa liberté religieuse contre le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Hélas ! Ils y sont arrivés. Et maintenant nous pourrions dire, en vérité, que les autorités de l’Eglise leur prêtent main, les aident dans cette apostasie par l’affirmation de la liberté religieuse. Car là où il y a cette liberté religieuse, il n’est plus assurément nécessaire que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne sur les âmes, sur les sociétés. C’est là une chose absolument incroyable, mais vraie. Non seulement il n’est pas opportun, mais même il n’est pas possible, disent-ils, comme ont toujours dit les libéraux, que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne encore sur la société. C’était possible au Moyen-Age, ce n’est plus possible maintenant.

Et aujourd’hui cette affirmation n’est plus suffisante. On admet désormais comme principe que Notre Seigneur ne doit pas régner sur la société, car ce serait contraire à la dignité humaine. Cette dignité humaine qui veut que chaque homme ait la religion de sa conscience. Par conséquent, imposer dans la société le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ serait violer la conscience et la liberté, et donc la dignité humaine. C’est pourquoi il faut que les Etats soient laïques ; que les Etats n’aient plus de religion. C’est ce qu’affirment les autorités de l’Eglise. Le pape Jean-Paul II, à Strasbourg, dernièrement a affirmé : Il faut que les Etats soient neutres, n’aient pas de religion. Chose inouïe ! Si nos ancêtres entendaient des choses semblables, ils en seraient stupéfaits et épouvantés. Mais de nos jours, l’on est tellement habitué à cette apostasie générale que l’on ne réagit même plus.

C’est pourquoi cette fête du Christ-Roi est plus utile que jamais. Nous chantions, hier, dans l’Epître : Scelesta turba clamitat : Regnare Christum nolumus, la foule impie crie : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous ».

 

Te nos ovantes omnium Regem supremum dicimus (Hymne des vêpres de la fête du Christ-Roi). Nous, au contraire, heureux dans nos cœurs de pouvoir dire : « Vous êtes le Seigneur, le Roi de toutes choses ». Oui, nous nous opposons à ce cri de la foule impie qui dit : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous », et nous disons : « Nous voulons que Notre Seigneur règne, parce qu’il est le Roi de toutes choses : omnium Regem supremum, le Roi suprême de toutes choses ». Nous le proclamons et nous voulons le proclamer non seulement pour nous personnellement, pour que Jésus règne dans nos âmes, par sa loi et par sa grâce, mais nous voulons qu’il règne aussi dans nos familles, dans les familles chrétiennes et dans la société.

La négation du péché originel, racine de l’apostasie contemporaine

Ce qui est à la racine, voyez-vous, de cette apostasie, c’est la négation du péché originel. Car si Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu sur terre et s’il veut régner dans toutes les âmes, dans toutes les familles, dans toutes les cités, c’est précisément pour faire disparaître le péché originel et toutes ses conséquences, conséquences abominables qui conduisent à l’enfer, à la mort éternelle. Il est venu pour nous donner la vie éternelle. Si l’on nie le péché originel, Notre Seigneur n’est pas nécessaire. Que vient-Il faire ? Pourquoi vient-Il ? Il vient troubler nos familles. Il vient troubler l’ordre de la liberté humaine.

Mais si nous croyons vraiment qu’il y a eu un péché originel dont tous les hommes sont atteints, avec toutes les conséquences de ce péché originel, et si nous croyons que seul Notre-Seigneur Jésus-Christ est capable de nous guérir, de nous apporter la vie, de nous purifier dans son Sang, de nous donner sa grâce, de nous donner sa loi, alors oui, nous nous tournons vers notre Sauveur, vers Notre-Seigneur Jésus-Christ. Qu’il soit notre Roi, que sa loi règne partout, que sa grâce règne dans toutes les âmes ! Voilà ce que nous disons et voilà ce que nous pensons.

On ne croit plus au péché originel. On nie le péché originel. Les hommes sont libres. Les hommes ne sont pas mauvais. Les hommes ne naissent pas sous l’influence de Satan. Les hommes sont bons. Ce qu’ils désirent est bien. Chacun peut désirer ce qu’il veut, selon sa liberté, selon sa conscience.

Or nous disions aussi dans les antiennes de Laudes : Gens et regnum quod non servierit tibi peribit : La nation et le royaume qui ne Vous serviront pas périront (Fête du Christ-Roi, Laudes, 5e antienne). Et c’est vrai. Tous ceux qui n’ont pas Notre-Seigneur Jésus-Christ dans leurs lois, dans leur législation, n’ont pas la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vivent dans le désordre complet, et sont atteints par toutes les suites du péché originel qui corrompent les sociétés et les âmes.

Réagir spirituellement

Alors que devons-nous faire, mes bien chers frères, devant cette situation ? Désirer bien sûr, le règne de Notre Seigneur, prier de tout notre cœur, de toute notre âme, aujourd’hui particulièrement, pour demander à Notre Seigneur de régner. Qu’il nous aide, qu’il vienne à notre secours, Lui qui nous a donné tous les moyens pour nous sauver. Mais devant cette situation qui est apparemment insoluble, que pouvons-nous faire ?

Eh bien ! Nous devons faire ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a voulu que nous fassions, c’est-à-dire nous sanctifier, ressusciter la grâce que nous avons reçue au jour de notre baptême pour effacer le péché originel et pour en guérir toutes les suites. Nous savons très bien que ces suites du péché originel nous les avons encore, que nous les portons en nous et que nous devons constamment lutter par la grâce de Notre Seigneur, par la prière, par la réception digne et fréquente des sacrements, par l’assistance à la Sainte Messe, à la vraie Messe. Nous savons que c’est ainsi que nos âmes se purifieront, que nos âmes se sanctifieront, que nos âmes feront régner en elles la loi et la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prendre des responsabilités dans la société

Mais il ne suffit pas de le faire pour nous. Nous avons des fonctions. Nous avons tous une vocation ici-bas. Nous ne vivons pas seuls. Nous ne vivons pas isolés. Par conséquent nous avons le devoir de faire régner Notre Seigneur partout dans nos fonctions, et pas seulement dans nos familles. Le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement un règne qui doit se limiter à la famille, et dès que l’on sort de la maison familiale, il n’y a plus de place pour Notre-Seigneur Jésus-Christ, cela ne regarde plus Notre Seigneur ! Ce que nous faisons dans notre profession, ce que nous faisons dans la cité, en dehors de notre famille, Notre Seigneur n’aurait plus rien à y voir ? C’est faux ! Nous devons être soumis à Notre Seigneur toujours, en tout ce que nous faisons, dans tous nos actes, et donc dans les actes de notre profession aussi, dans les actes que nous avons à accomplir et qui regardent le bien de notre commune, le bien de notre village, le bien de notre cité, le bien de notre Etat. Il est temps, mes bien chers frères, il est plus que temps que les chrétiens, particulièrement les chrétiens traditionalistes – si l’on peut les appeler ainsi –, les vrais catholiques, il est grand temps qu’ils se rendent compte de la situation qui existe autour d’eux, qui est en train de se dégrader de mois en mois, d’année en année.

Nos pays n’ont pas perdu toute foi catholique. Il y a encore des gens qui croient, des gens qui ont encore la foi. Il faudrait les réunir ; il faudrait les réveiller. Et il faudrait que parmi nous, tous ceux qui ont des convictions profondes, catholiques, prennent des responsabilités.

On est stupéfait de voir des pays catholiques, comme le Valais et tous ces pays catholiques comme la France, comme l’Italie, comme l’Espagne, comme l’Irlande, tous ces pays catholiques qui sont à 80 %, 85 % catholiques, dirigés par des francs-maçons, par des ennemis de l’Eglise. Comment est-ce possible ? Comment ces gens-là ont-ils pu arriver à dominer des pays à grande majorité catholique, eux qui ne sont pas chrétiens, qui veulent détruire la famille chrétienne, qui introduisent des lois qui démolissent l’enseignement chrétien et les écoles chrétiennes, qui introduisent toutes ces initiatives abominables que nous voyons, comme ces discothèques qui se multiplient partout maintenant dans tous les villages. Eux qui introduisent dans la législation, l’avortement, la contraception, qui soutiennent l’usage de la drogue, qui ne poursuivent pas la pornographie et qui acceptent ces films abominables contre Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà des petits groupes de gens qui sont contre Notre-Seigneur Jésus-Christ et qui dominent des nations chrétiennes.

Est-ce possible ? Comment expliquer cela, comment expliquer que dans un pays à 80 %, 85 % catholique, ce soient des gens qui sont contre l’Eglise catholique, contre Notre Seigneur, qui dominent et dirigent tout le monde ?

Je pense que c’est parce que les catholiques s’imaginent qu’ils ne doivent pas entrer dans les fonctions publiques. Ils ont peur de s’immiscer dans les fonctions publiques. Sans doute ont-ils raison dans la mesure où ils devraient participer à des actions mauvaises. Mais s’ils le font au contraire pour empêcher les œuvres mauvaises de se réaliser, ils doivent se manifester ; ils doivent prendre des responsabilités pour le bien des âmes, pour faire régner Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la législation.

Il me semble qu’il y a là une déficience et peut-être une incompréhension du devoir des catholiques fidèles. Il faudrait que dans des villages à grande majorité catholique et qui ont encore des convictions, ce soit de bons catholiques qui dirigent le village, qui prennent des responsabilités communales. La même chose dans les Etats. Il ne faut pas avoir peur de prendre des responsabilités. Ce n’est pas là faire de la mauvaise politique, ce n’est pas faire de la politique de parti, c’est tout simplement chercher le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le règne social de Notre Seigneur.

Impossible n’est pas catholique

Alors nous devons prier pour cela et encourager tous ceux de nos amis, toutes nos connaissances qui sont capables de prendre des mandats dans les communes, dans les cités, dans l’Etat, les encourager à se présenter. Et puisqu’ici nous avons vu l’initiative, provoquée par quelques-uns de nos amis, d’un petit journal qui a dernièrement paru et qui s’appelle Controverses, dans lequel nos confrères prêtres aussi se sont engagés d’une certaine manière ; eh bien ! C’est là, à mon avis, une très bonne initiative qui peut éventuellement servir au moment d’un vote, être distribué dans les familles, partout, afin de les encourager à faire un bon vote, le vote pour Notre-Seigneur Jésus-Christ. Sans créer de partis spéciaux, mais que ces fidèles soient, comme le dit saint Pie X, du parti de Dieu, du parti de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

C’est là, il me semble, ce que cette fête du Christ-Roi nous rappelle, en nous demandant d’agir courageusement. Comme le disait Jeanne d’Arc : « Nous combattons, nous prions et Dieu donnera la victoire » !

On dit : Oh ! C’est impossible. On ne pourra pas. C’est trop difficile ; jamais nous n’arriverons à prendre le dessus sur les gens qui actuellement dirigent nos pays. Nous n’arriverons jamais à les renverser. Mais il faut compter sur la grâce du Bon Dieu. Le Bon Dieu est avec nous. Le Bon Dieu veut régner, car Il veut le bien des âmes. Et si par conséquent, les catholiques s’unissent, prient, font des sacrifices et militent en faveur du règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il faut compter sur la grâce de Notre Seigneur, sur l’aide de la très Sainte Vierge Marie qui est forte comme une armée rangée en bataille, sur l’aide des saints, de saint Michel Archange, de tous les saints du pays, de saint Nicolas de Flüe, de saint Maurice ici en Valais, invoquons-les et demandons-leur de nous aider pour que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne dans nos pays, pour sauver les âmes des générations futures, sauver nos âmes et remettre notre pays sous le doux règne de Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

Pour conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu.

(Transcription et intertitres DICI n°232 du 19/03/11)